Cycles

50 ans de création

50 ans de création
©Guillaume Boucher

Le conseil d’administration des 2 Mondes est heureux de débuter les célébrations entourant le 50e anniversaire de la compagnie en annonçant officiellement la nomination d’Eric Jean à titre de Directeur artistique et Codirecteur général aux côtés d’Alexis Pitkevicht qui occupe les fonctions de Codirecteur général et Directeur administratif. Ce tandem à la tête des 2 Mondes débute un nouveau cycle s’inscrivant sous le signe de l’avant-garde, en phase avec ce caractère innovateur intrinsèque à l’identité des 2 Mondes et qui lui a permis de faire sa marque aux quatre coins du monde et de contribuer au rayonnement de la culture québécoise.

« Nous sommes très fiers d'annoncer aujourd'hui la formation de notre tandem de direction, car nous partageons une vision et des valeurs communes, porteuses d’avenir pour Les 2 Mondes. Le défi sera, avec notre équipe, d’innover constamment dans la durée à l’instar des fondateurs de la compagnie, mais aussi de réaffirmer l’identité des 2 Mondes et d’enrichir ce lien intergénérationnel unique que nous avons avec le public d’ici et d’ailleurs ». - Eric Jean et Alexis Pitkevicht.

BAMBI COMME POINT DE DÉPART

Ce n’est pas d’aujourd’hui que les contes fascinent, émeuvent, éblouissent et terrifient. Ils ont depuis toujours été un tremplin extraordinaire à l’imagination des petits comme des grands.

En 1923, l’auteur autrichien Felix Salten publie un ouvrage destiné autant aux adultes qu’aux enfants intitulé Bambi. Celui-ci raconte l’histoire d’un jeune faon qui, après avoir perdu sa mère tuée par des chasseurs, grandit seul et tombe amoureux d’une biche nommée Faline. Mais en tant que fils du prince de la forêt, son destin est de devenir le nouveau protecteur de la faune et de la flore.

Il s’agit d’une puissante évocation du côté sombre de la nature humaine et de la relation entre les humains et l’environnement. C’est un livre qui est profondément ancré dans son époque eI qui est bien plus qu’une simple histoire pour enfants sur la perte de sa mère. - Maxime Rovere, philosophe français

DOUBLE ANNIVERSAIRE

Alors que l’on célèbre le 100e anniversaire de la parution du texte de Felix Salten, la compagnie de théâtre Les 2 Mondes, de son côté, souligne ses 50 années d’existence. Belle synchronicité que ces deux anniversaires soient célébrés en 2023!

Afin de marquer ce moment important, le directeur artistique et metteur en scène Eric Jean renoue avec la méthode de création avec laquelle il a fait sa signature, nommée "écriture vivante". Une écriture au plateau pour laquelle il s'allie notamment la complicité de l'auteure Marie-Christine Lê-Huu, des interprètes et de toute l'équipe de conception, pour explorer les thèmes de l’abandon, de la peur, de l'imaginaire et de la résilience.

Voix au chapitre | Saison 2021-22

Voix au chapitre | Saison 2021-22

Un geste : une main qui se lève au milieu d’une classe ou d’un rassemblement
Quelqu’un veut parler, souhaite dire quelque chose
Quelqu’un qui pourrait être vous, votre voisin
Quelqu’un qui hésite mais qui, malgré la timidité, le doute, choisit de prendre la parole

Au cours des deux dernières années, nos voix, comme nos corps, ont été claquemurées dans l’étroitesse de nos maisons transformées en bureaux, de nos appartements souvent trop étroits pour nos soirées sans sortie, trop étouffants pour nos week-ends sans fêtes ni ami.e.s.  Plongés dans cette solitude et ce silence forcé, plusieurs d’entre nous ont perdu l’élan naturel pour communiquer et ont eu l’impression de ne plus être entendus, de ne plus avoir voix au chapitre.

Et si le théâtre était le lieu où cette envie de communiquer peut être renouvelée, restaurée?

Cette saison, afin de remettre l’échange et le partage à l’avant-plan, nous avons pensé vous offrir une série de 3 laboratoires publics qui lèveront le voile sur les projets de création que nous avons en chantier.  La série « Studio Lab2M » qui se déploiera de janvier à juin conviera donc différents publics (les petits, les ados et les grands), à découvrir des spectacles en devenir et à donner leurs impressions sur la matière en gestation.  Ces trois projets, mettant chacun en scène un ou des personnages qui choisissent de briser le silence, offriront du même coup une réflexion sur la prise de parole et son importance dans nos vies.

Une façon pour l’équipe des 2 Mondes d’ouvrir toutes grandes les portes de sa salle de répétitions et d'explorations, histoire de remettre le dialogue, essence même de notre art, au cœur du processus de création... On veut vous entendre, haut et fort, et on vous espère donc nombreux et nombreuses au rendez-vous !

Sébastien Harrisson + Eric Jean

COMME LES CHIFFRES ET LES SAISONS, NOUS SOMMES MULTIPLES

COMME LES CHIFFRES ET LES SAISONS, NOUS SOMMES MULTIPLES
Conception: 288

L’élément même du théâtre est la métamorphose. - Heiner Müller

Montréal, 19 septembre 2019 - Le visage que nous traquons tantôt dans nos miroirs, tantôt dans le reflet des regards que nous croisons ou dans celui des écrans que nous fixons, n’est que fragmentation, décalque, superposition et métamorphose. Nous sommes multiples, nous sommes à la fois l’enfant que nous avons été, ce jeune homme ou cette jeune femme que nous voudrions éternellement être, ce présent avec lequel nous nous débattons et ce futur, déjà installé en nous, qui pose patiemment ses rides et ses marques.

Dans nos coffres de tournée cette saison : deux enfants qui s’apprivoisent et font de chaque instant une réinvention, un jeune homme en décalage horaire qui met le pied sur un tapis et part à la rencontre de lui-même, une héroïne trans qui cherche à donner du sens à un combat qui la dépasse et cristallise son époque. Ces histoires que nous vous raconterons, dans notre salle, dans d’autres théâtres montréalais et en tournée, disent chacune à leur façon cette multiplicité du soi, cette impossibilité de fixer l’instant, cette perpétuelle quête de l’image juste, celle qui nous définirait, nous révèlerait.

À travers toutes ces métamorphoses intimes, cette saison en marque aussi une autre, plus large, celle de notre compagnie qui sera maintenant dirigée par un tandem auteur-metteur en scène. De ces deux écritures qui se croisent – celle des mots de Sébastien, celles des images d’Eric – naîtra un nouvel espace au milieu duquel d’autres héros, d’autres héroïnes, grands et petits, surgiront pour venir s’adresser à vous, révélant, à travers leurs traits, certains visages que vous voyez parfois fugacement dans votre miroir. Regardez-les, écoutez-les, ils portent en eux une part inédite de vous-même.

Le cycle 2018-2019

Cette nouvelle saison s’annonce riche en rendez-vous impromptus et étonnants… Des tournées, une nouvelle création pour les 5-10 ans, une série de podcasts, des chantiers et même un gym pour permettre aux créateurs de muscler leur imaginaire…  Qui a dit que le théâtre ça se vivait assis dans un fauteuil ? 

Le cycle 2017-2018 - Tisser des liens

par Sébastien Harrisson

Ce « Tisser des liens » : au propre comme au figuré, c’est la mission que nous nous donnons, tant entre les murs du LAB2M, notre studio de création, que sur les diverses scènes où nous jouons, ou encore à travers nos chantiers et nos activités satellites. Plus qu’une mission, c’est même pour nous un nouveau crédo, véritable appel à la solidarité et à l’entraide, dans un monde de plus en plus brutal, rude et explosif.

Premier volet de ce cycle, Warda, coproduit avec le Rideau de Bruxelles en 2016, et qui a été présenté en première nord-américaine en janvier 2018. Construite autour d’un tapis persan, cette fresque met en scène, de Londres à Paris, en passant par Bagdad, Québec et Anvers, le monde d’aujourd’hui dans toute sa complexité bigarrée. Rassemblant sur scène des acteurs belges et québécois qui font résonner dans une ambiance jubilatoire du français, de l’anglais, du flamand et de l’arabe, Warda est une fable actuelle qui jette des ponts entre les époques, les continents et les êtres.

Second volet du cycle, Les Inventions à deux voix, production pour le jeune public dont la création est prévue à l’hiver 2019, entre cette saison dans sa phase finale de création. Empruntant son titre à un recueil d’œuvres pour clavier de Bach, cette ode à l’inventivité de l’enfance fera aussi la part belle à la musique et à la vidéo, métissant, comme dans plusieurs spectacles de la compagnie, disciplines et langages.

Finalement, notre spectacle Dans ma maison de papier, j’ai des poèmes sur le feu sera diffusé au cours de 2018-2019 dans le cadre du programme du Conseil des arts de Montréal en tournée. Cette œuvre sensible qui met en scène une vieille dame dialoguant avec la petite fille qu’elle a été, est une fable sur le temps qui passe à la vitesse de l’éclair et sur les liens qui unissent les générations.

Une saison sous le signe du partage, de l’ouverture à l’autre et de l’imaginaire. Dans cette époque en apparence morcelée, le rôle de l’artiste est aussi de mettre en lumière les liens qui unissent les fragments épars, de rendre visibles les fils invisibles qui vont d’une chose à l’autre, d’un être à l’autre, et qui font que ce monde tient toujours et conserve, dans le chaos apparent, une part de cohérence et d’espoir.

Ouvrons grand les yeux, tendons l’oreille, le sens est là tout autour, dans les interstices, dans ce qui nous échappe au premier abord mais qui agit comme un ciment et nous relie les uns aux autres.

« Même une feuille de papier est plus légère si on la porte à deux. »
-Proverbe coréen

Le cycle 2014-2016 - J'habite ici

par Sébastien Harrisson

Si j’ai voulu que le thème de ce premier cycle de création, qui marque mon arrivée aux Deux Mondes et un nouveau départ pour la compagnie, soit formulé en mots simples, c’est parce que je crois que c’est souvent par ce chemin – celui du « littéral » et du concret- qu’on peut avoir accès aux questionnements les plus vastes, les plus essentiels.

« J’habite ici », ça veut dire quoi aujourd’hui ?

La petite fille de Dans ma maison de papier, j'ai des poèmes sur le feu de Philippe Dorin pointe le vide du doigt et fait apparaître sa maison imaginaire, maison au cœur de laquelle viendra se réfugier une vieille dame fuyant un mystérieux promeneur qui sifflote tout en parlant de la mort.

L’employé des messageries UPS, que j’ai imaginé dans La cantate intérieure, sillonne les routes d’Amérique et est soudainement happé par la vue, à travers une fenêtre, d’une silhouette de femme. En allant à sa rencontre, il refera le chemin de sa propre naissance et de ses origines, en pénétrant dans une chambre en apparence désertée où jadis sa mère a habité.

Entre ces deux histoires, un fil rouge se déploie: celui de l’ancrage dans un lieu, un point fixe et défini, une parcelle d’univers qui nous appartient et nous façonne.

Que signifie aujourd’hui venir de quelque part?
Quel sens cela revêt, à une époque où tout est « portable » et mobile?
Où les frontières s’estompent et où les cultures se mêlent?
Que signifie aujourd’hui appartenir à un coin de pays, s’en réclamer?
Admettre que, d’une manière ou d’une autre, notre identité en est teintée, colorée?

Certes, cette réflexion s’ancrera dans nos maisons –lieu de nos vies, de nos morts et de nos naissances- mais aussi dans ces espaces fantasmatiques que sont les histoires que nous nous racontons depuis la nuit des temps et qui, à leur manière, nous servent de home, de refuge.

Finalement, ce «J’habite ici» n’est pas sans faire écho, pour moi, à ce nouveau lieu qui est celui de la compagnie et que nous partageons avec le regroupement Aux Écuries. Ce beau théâtre de la rue Chabot, dont la construction aura mobilisé une grande partie des forces vives de notre équipe au cours des dernières années, est aujourd’hui l’un des lieux les plus mieux pensés et les mieux conçus pour la création contemporaine.

Mais maintenant, il ne suffit pas de l’avoir bâti… il nous faut l’habiter. Une aventure tout aussi exigeante, à mon sens, si l’on veut que cette maison soit à la hauteur de son titre de théâtre, qu’elle soit un véritable lieu de recherche, de réflexion et de création, un lieu vivant, placé sous le signe de l’invention et du partage.

Bref, un lieu qui appartient tout autant à ceux qui y vivent, qu’à ceux qui le visitent !

« L’esprit est une maison vide, qu’il faut habiter et façonner à la longue. »
-Ludvik Vaculik